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Ludivine Lesénéchal est l’auteure de cet article. Elle nous invite à voyager à ses côtés sur le chemin qui mène à l’écriture et répond par son parcours aux questions que tout futur auteur de récit de vie pourrait se poser. 

Envie

Ecrire un livre est une idée que m’est apparue plus réaliste à la suite d’un long voyage de deux mois au Québec. Je suis partie seule là-bas, deux mois à vadrouiller en VR (Véhicule Récréatif, notre camping-car à nous, Français.)

Je ne suis probablement pas la première à être partie seule en voyage… Sauf que… Je suis en fauteuil roulant !

Être seule vous oblige à vous dépasser : vous devez monter et descendre plusieurs fois par jour du véhicule, vous êtes debout quasiment tout le temps quand vous êtes à l’arrière. Je ne parle pas des vidanges, où vous devez vous mettre à quatre pattes puis vous relever. Forcément, tout cela vous remuscle, sans même vous en apercevoir.

 

En  vie

Un jour, vous vous rendez aux pieds d’une cascade, mais vous ne la voyez pas à cause des feuilles d’érables qui la cachent. Il y a une vingtaine de marches qui vous y mènent. Avoir fait toute cette route pour rien ? Faire demi-tour ? Non, pas question ! Vous allez faire attention, mais vous allez vous autoriser à les descendre…

Vous voilà arrivée, à marcher sur une grille métallique en dessous de laquelle vous voyez le sol, plutôt loin en contrebas. C’est impressionnant, mais vous osez quand même vous lâcher de la rambarde, un peu, puis plus. Vous redécouvrez alors, que vous pouvez marcher quelque pas sans vous tenir.

Quelle joie et quelle fierté vous ressentez ! Quel moment inoubliable, comme tant d’autres de ce voyage ! En rentrant en France, c’est sûr, vous écrirez votre livre pour raconter votre voyage et votre transformation ! Ce sera l’occasion, puisque vous vouliez le faire depuis quelques années déjà.

Vous savez que votre handicap vous a rendue atypique, ou plutôt… Vivante, contrairement à l’avant. Vous savez être quelqu’un d’inspirant pour vos proches, mais vous avez envie d’aller plus loin en écrivant enfin votre livre.

 

Mes débuts dans l’écriture

En rentrant, votre voyage continue : Vous continuez à marcher pour vous améliorer encore et encore. Vous vous mettez rapidement à écrire, parce que vous êtes convaincu qu’il faut battre le fer tant qu’il est chaud.

Vous écrivez sur une application de votre ordinateur, Evernote, qui vous permet d’avoir également accès à vos écrits depuis votre téléphone.

Vous laissez les souvenirs remonter tels quels, ou bien vous allez retrouver l’inspiration en reprenant les textes que vous aviez publiés sur Facebook, dans le groupe sur lequel vous aviez déjà partagé vos exploits durant votre voyage…

Vous racontez, mais pas seulement votre voyage. Par petits morceaux, vous expliquez qui vous êtes, ce qui vous est arrivé, ce que vous aimez, ce qui est important pour vous, ce que vous avez fait et pourquoi…etc.

 

Rattrapée par la réalité

Un jour, vous ressentez une très forte fatigue. Vous ne comprenez pas pourquoi vos capacités physiques se dégradent aussi subitement. Vous devez attendre plus de six mois, pour consulter un spécialiste.

Vous commencez alors à douter : de vous, de vos capacités, de tout ce que vous avez déjà posé sur le papier.

Comment remettre de l’ordre dans tous les morceaux de vie ce que j’ai déjà écrits ?
Et puis de toute façon, qui est-ce que ça va intéresser ?

Démunie, vous commencez à baisser les bras, à laisser tout tomber.

Heureusement, quelques mois plus tard vous allez pouvoir renouer avec l’écriture, grâce à quelqu’un qui vous proposera d’écrire un premier article sur son blog, pour raconter votre voyage qu’il trouve lui aussi inspirant.

 

Ecrire et inspirer

J’ai donc renoué avec l’écriture en ayant cette opportunité de raconter mon voyage : pourquoi j’étais partie, comment je m’étais organisée…etc. Rapidement, je me suis aperçue que quelque chose me manquait dans cette démarche d’écriture d’article(s).

Raconter seulement les événements m’ennuyait ! J’avais envie d’autre chose, comme un besoin de transmettre un message à travers mes articles. J’avais envie d’inspirer, d’encourager les gens, de leur apporter quelque chose en plus.

Avec le recul, j’ai compris ce qu’il me manquait. Cette petite chose indispensable, ce conseil précieux que j’ai retrouvé plus tard, pour se lancer dans l’écriture d’un récit de vie : Plus qu’en avoir la simple envie, il fallait véritablement que je trouve ma motivation.

Et pour moi, la motivation à écrire passait par la transmission d’un message à travers ce que j’écrivais. Je voulais que mes écrits soient source d’encouragements ou amènent la personne à se questionner pour évoluer vers du mieux.

Motivation et inspiration

Quand j’entrevois derrière la narration d’un événement, un encouragement ou un message à transmettre, écrire est vraiment plus facile et motivant pour moi ! J’écris beaucoup plus rapidement aussi.

Si je n’ai pas l’inspiration ou une idée du sujet sur lequel j’ai envie de m’exprimer, alors ce n’est qu’en écrivant que les envies et les sujets me viennent. Le plan se dessine, en même temps que le texte s’élabore.

Je suis déjà parvenue à faire l’inverse : Trouver le plan, puis le remplir par le contenu (généralement, mon vécu) Cela m’est incontestablement plus simple de partir d’un plan, mais à la seule condition d’avoir trouvé au préalable mon sujet d’inspiration.

 

Et mon récit de voyage, dans tout ça ?

Au fil de l’écriture, réussie avec plus ou moins de régularité, mon récit de voyage s’est petit à petit transformé en projet de récit de vie.

Je m’étais aperçue que ce voyage symbolisait deux choses :

  • Un nouveau départ, avec la reprise inattendue de la marche.
  • La suite logique de la fin de la longue attente des résultats génétiques concernant ma maladie.

Je ne pouvais donc pas évoquer ce voyage sans évoquer la maladie. Je ne pouvais pas non plus évoquer la maladie, sans parler de ma famille et de mon enfance depuis laquelle elle nous touche…

Mais alors quoi dire, il y en avait tellement ! Et comment structurer mon histoire ? Je n’avais pas vraiment d’idée. Ou peut-être n’osais-je simplement pas encore me lancer…

J’avais toujours encore cette fameuse question entêtante : « Mais qui, mon récit va-t-il intéresser ?! »

Comme je n’aime pas rester avec le sentiment d’être dans une impasse, je suis allée chercher sur internet des groupes d’écriture. C’est là que j’ai découvert la formation Ecrizen. J’ai été conquise par la simplicité des explications et la facilité d’accès de cette formation.

J’ai été rassurée, confortée dans le fait qu’écrire n’est pas une démarche facile, qu’elle demande du courage. Cela tombait bien, car je m’étais rendue compte en voyageant seule, que c’était l’une de mes qualités.

 

Ecrire régulièrement et sur soi : un challenge.

J’ai bien essayé d’écrire mon récit de vie avec régularité, un peu tous les jours comme il est conseillé de le faire, mais je n’ai pas réussi pour l’instant.

Certes, j’ai une activité en tant que jeune web-entrepreneure qui me prend beaucoup de temps, mais j’ai aussi et surtout encore de la difficulté à me mettre à écrire sur moi.

Je suis régulièrement en proie à mon jugement intérieur, à un certain manque de confiance en moi. Alors, comme je souhaite vivre cette expérience d’écriture de récit de vie de manière agréable, je prends le temps d’accueillir mes émotions, de les identifier pour pouvoir ensuite les dépasser en douceur. Et au final j’écris toujours quand même un peu ! Pour moi, mieux vaut faire peu et bien que pas du tout.

Comme la régularité au quotidien n’est pas possible actuellement, je prends donc le temps d’écrire mon récit chaque samedi matin. C’est mon temps, à moi. Je ne prévois rien d’autre.

 

Et concrètement ?

Je lis et j’applique, à mon propre rythme, les conseils de la formation. Appliquer est important, c’est même essentiel selon moi !

Si je ne fais que lire et que je n’enclenche pas le processus d’écriture, alors je vais rester au stade du statu quo, mais aussi au stade où je donne le pouvoir à mes peurs : ne pas réussir, faire « tout ça » pour rien, être jugée… (et la liste peut être très longue !)

Ainsi, avec les exercices d’application, le contenu de mon récit se précise avec le temps, et les grandes lignes du plan prennent forme progressivement.

 

Evoluer à travers l’écriture

Je n’en suis encore qu’au début de mon projet de récit de vie, mais bien des choses ont déjà changé dans ma façon d’écrire.

J’ai accepté que le contenu pouvait évoluer et changer avec le temps. Au début, j’étais plutôt de celle qui voulait écrire le « truc » parfait du premier coup. J’ai accepté d’être imparfaite, de me tromper, de tâtonner, de recommencer. Je suis devenue plus souple envers moi-même.

Également, je m’efforce et parviens de plus en plus, à planifier et m’octroyer trente minutes décriture quotidienne.

En revanche, je m’y attèle sans me dire que c’est pour mon récit de vie ! Ce serait me mettre trop de pression, hi hi ! M’autoriser à écrire, seulement pour me vider et exprimer ce qui a besoin de sortir.

Je suis convaincue d’une chose, c’est que cela prendra le temps qu’il faudra, mais mon récit de vie verra le jour, parce que je sais qu’il sera, comme mon long voyage au Québec, le début d’un autre grand voyage personnel…

Je me suis aussi dit que, si son écriture me bloquait malgré la formation, je n’hésiterais pas à me faire aider par un autobiographe. Il aura sûrement plus de recul que moi.

C’est toujours étonnant pour moi, qui accompagne pourtant professionnellement les personnes, en les aidant à concrétiser leurs différents projets d’écriture (livres, articles de blog, mémoires, courriers…etc), de constater que j’ai encore parfois du mal à faire pour moi ce que je parviens très bien à faire pour mes clients !

Mais… on le sait très bien : Ce sont les cordonniers qui sont les plus mal chaussés ! 🙂

Ludivine Lesénéchal

Ludivine accompagne les futurs auteurs de récit de vie. Vous pouvez la joindre sur son blog à cette adresse : 

https://ludivinelesenechal.com/

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