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comment choisir un lieu pour écrire

Vous revenez de vacances, la tête remplie de belles images, de couleurs, de sons, de paysages, peut-être aussi de belles rencontres. Vous avez probablement pris de nombreuses photos que vous partagerez avec votre entourage. Mais ces photos, après avoir été admirées, ne risquent-elles pas de dormir au fond de votre ordinateur?

Vous vous lasserez sans doute de les faire défiler encore et encore sur un écran pour les montrer, les remontrer et surtout expliquer à ceux qui les regarderont où vous étiez ce jour-là, ce que vous avez aimé ou pas aimé, ce qui vous est arrivé, etc. Vous savez ces fameuses photos qu’on ne reverra que dans trois ou quatre ans, au hasard d’un rangement.

Et si vous emmagasiniez vos souvenirs de voyage dans un récit passionnant ! Un livre accessible toujours à portée de votre main que vous pourrez feuilleter à tout moment ou faire lire autour de vous. Un livre qui irait bien au-delà d’un album de photos en vous permettant d’exprimer ce que vous avez ressenti au cours de votre voyage, ce qui vous a fait vibrer.

Pour cela pas besoin d’aller à l’autre bout du monde ! Une expédition aux Galápagos tout comme une randonnée dans votre région peuvent donner lieu à un récit très personnel et captivant.
Mais qu’est-ce qu’un récit de voyage ?

4 erreurs à éviter pour écrire un récit de voyage

 Erreur 1 Ce n’est pas un dépliant touristique…

L’objet de votre récit n’est pas de vanter un pays ou une région. Vous n’êtes pas là pour « vendre » une destination. Vous n’êtes ni une agence de voyages, ni un office du tourisme.

Erreur 2 Ce n’est pas un guide touristique…

Vous n’écrivez pas non plus pour conseiller les voyageurs sur la meilleure façon de voyager dans un pays, les moyens de transport, les lieux à visiter, les monuments à découvrir, les hébergements, les restaurants … Bien sûr, vous pouvez donner quelques conseils, mais ce n’est pas l’objectif d’un récit de voyage.

Erreur 3 Ce n’est pas un album photo…

– Un récit de voyage n’est pas non plus un simple album de photos avec quelques légendes pour indiquer les endroits que vous avez visités. C’est beaucoup plus que cela !

Erreur 4 Ce n’est pas une encyclopédie…

 – Rien à voir avec le manuel rédigé par un spécialiste qui vous expose doctement la géographie, l’histoire, l’économie d’un pays ou d’une région avec pléthore de chiffres, de courbes et de dates.

6 principes à respecter

1) C’est votre propre regard sur un pays, une région …

Votre récit sera unique ! Écrire un récit de voyage, c’est d’abord et avant tout raconter sa propre histoire au cours d’un voyage. Ici, pas question d’objectivité, on laisse parler d’abord son cœur, on laisse libre cours à ses émotions.

Vous nous faites part de vos attirances, de vos coups de cœur, de vos coups de colère, de vos rejets, de vos craintes… Vous écrivez sur vos rencontres, vos aventures, vos galères …

N’ayez pas peur des moments difficiles ! Ces « galères » que vous avez vécues – la panne de voiture au milieu du désert, la gastro-entérite qui vous a cloué au lit trois jours, la dispute avec votre compagnon de route – sont souvent les passages les plus authentiques et les plus touchants de votre récit. Ils révèlent votre humanité et permettent à vos lecteurs de s’identifier à vous.

Vous nous faites partager vos passions : coutumes, faune, flore, nature, montagne, mer, randonnée, surf, photographie, etc.

Bien sûr vous pouvez aussi traiter de l’histoire, de la géographie, des monuments, de la culture, des traditions du pays visité, donner des conseils sur la meilleure façon de visiter, mais … toujours avec votre propre regard. Ne craignez pas d’être subjectif. C’est votre point de vue qui rendra votre récit unique et fera son intérêt.

N’hésitez pas à enrichir votre texte d’anecdotes, ce sont elles qui personnaliseront votre récit tout en y mettant de la vie, de l’humour, de la joie !

2) Les meilleures façons de structurer votre récit

– Chronologique. Sous la forme d’un journal de bord. Lundi 5 juillet, 11 heures du matin ; mardi 6 juillet … C’est le type de construction le plus utilisé. Vous racontez votre voyage au jour le jour.
– Géographique. Par lieux ou régions visités.
– Galerie de portraits. Vous racontez votre voyage à partir des rencontres que vous avez faites.  Cette approche est particulièrement riche car elle met l’humain au centre. Chaque personne rencontrée devient le prétexte pour explorer un aspect du pays, une tradition, une façon de vivre. Pour réussir cette approche, apprenez à observer les détails : la façon dont quelqu’un tient sa tasse de thé, ses gestes quand il parle, l’expression de ses yeux. Ces détails donneront vie à vos personnages.

3) La meilleure façon de recueillir la matière de votre récit

Munissez-vous d’un petit carnet de notes qui ne vous quittera jamais pendant votre voyage. Dans la journée, il vous suffira de le sortir de votre poche ou de votre sac pour noter à la volée vos impressions ou pour faire quelques rapides descriptions de ce que vous voyez.

Appliquez la « règle des 5 sens ». À chaque étape importante de votre voyage, notez systématiquement ce que vous voyez, entendez, sentez, goûtez et touchez. Cette méthode simple vous donnera une matière extraordinairement riche pour votre récit. 

Le soir, prenez un quart d’heure pour rédiger et mettre un peu d’ordre dans vos notes de la journée. Une fois votre voyage terminé, vous pourrez les relire tranquillement chez vous et apporter les corrections que vous souhaitées.

Ne vous contentez pas de décrire des évènements, des personnes, des lieux, ajoutez à vos notes une dimension émotionnelle. Comment vous sentez-vous à ce moment précis ? Qu’est-ce qui vous interroge, vous étonne, vous dérange ? Ces questions intérieures enrichiront considérablement votre récit.

A la place d’un carnet, vous pouvez aussi vous munir d’un enregistreur. Certains appareils prennent moins de place dans la poche qu’un téléphone. Il vous suffit de dicter vos impressions ou de décrire par la parole ce que vous voyez. Aujourd’hui, de nombreux téléphones mobiles ont une fonction « enregistreur ».

Si vous utilisez un enregistreur, profitez-en pour capturer les sons d’ambiance : le brouhaha d’un marché, le chant des oiseaux au lever du soleil, le rire d’enfants dans une cours d’école. Ces sons pourront vous replonger dans l’atmosphère du moment quand vous rédigerez votre récit.

De retour à la maison, n’hésitez pas à passer en revue toutes vos photos, examinez-les avec minutie ; ce vieil homme assis sur les marches ou cette femme s’abritant du soleil avec un parapluie vous rappelleront telle ou telle anecdote. Ou encore ce marchand des quatre saisons tirant sa charrette.

C’est fou ce que les photos peuvent réveiller comme souvenirs lorsqu’on les regarde attentivement, un détail et nous voilà reparti dans notre voyage ! Pendant votre périple, pensez aussi à faire le plein de prospectus, de tickets de transport, de tickets de musée, de cartes de visite de commerçants, de cartes routières, de plans de ville, de journaux locaux, de papiers en tout genre, ce sont de précieux indices qui feront peut-être rejaillir des souvenirs, une fois de retour chez vous.

4) L’art de choisir les bonnes illustrations

Des photos si vous le souhaitez, mais tout en gardant la priorité au texte. Photographier le Taj Mahal ou la tour de Pise, pourquoi pas, mais sous un angle original. Ne vous croyez pas obligé de faire des photos conventionnelles.

Pourquoi ne pas photographier un ticket de bus, un quai de gare, une note de restaurant, une route, votre paire de chaussures usée jusqu’à la corde, un sac à dos posé sur la chaussée, l’entrée d’un hôtel … pour illustrer les différentes étapes de votre parcours.

Soignez également les légendes des photos, ne vous contentez pas d’une simple désignation du genre « Acapulco, 3 juin 2015 » ou « Tour de Pise, mars 2015 » ; si possible rédigez une légende en forme d’anecdote se rapportant au lieu visité ou à l’objet photographié. Vous pouvez aussi dessiner ou peindre.

Si vous n’êtes pas à l’aise avec le dessin ou la peinture, pourquoi ne pas faire des collages avec les documents en tout genre (tickets de transport, cartes de visite, billet de loterie, journaux locaux …) que vous aurez glanés au cours de votre voyage.

5) Un style spontané et imagé

Je vous conseille d’écrire à la première personne, votre récit n’en sera que plus vivant. Vous vous impliquerez davantage et cela vous stimulera. Ne soyez pas avare de détails, écrivez en faisant appel à vos cinq sens comme je l’ai souligné plus haut.

Décrivez la couleur du ciel, l’intensité des éclairs, les sensations de froid ou de chaud, le mauvais état d’une route, l’empressement et le murmure d’une foule, l’habillement étrange d’une personne, la forme d’une maison, la couleur d’une voiture, l’ambiance d’une rue, le bourdonnement des insectes, les sons de toutes sortes … afin que vos lecteurs visualisent les lieux que vous visitez et les scènes auxquelles vous assistez. Rien qu’en vous lisant, ils auront l’impression de voyager.

Pour créer du suspense, même dans un récit de voyage, utilisez la technique du « cliffhanger » à la fin de vos chapitres. Par exemple : « Ce n’est qu’en arrivant à l’hôtel que nous avons découvert l’ampleur du problème… » Cette technique donnera envie à vos lecteurs de tourner la page.

Alternez les rythmes dans votre narration : des passages d’action (la course folle en tuk-tuk dans les rues populaires de Bangkok) et des moments contemplatifs (votre méditation dans un temple face au coucher de soleil). Cette alternance maintient l’intérêt du lecteur tout en respectant le rythme naturel d’un voyage.

6) Les différentes façons de présenter votre récit

– Un simple cahier avec une écriture manuscrite et, pourquoi pas, quelques dessins et des collages.

– Un vrai livre comme dans les librairies que vous allez publier et partager avec des lecteurs passionnés de voyages comme vous.  Grâce à l’impression numérique, vous pourrez en fabriquer plusieurs exemplaires pour un prix très intéressant.

– Un blog que vous pourrez partager avec la famille et les amis même s’ils sont à l’autre bout du monde. Il y a des sites qui vous permettent de raconter gratuitement votre voyage sur un blog et d’y insérer des photos. Vous avez aussi la possibilité de partager votre voyage au jour le jour sur certains sites comme Notos, le carnet de voyage « connecté ».

Un récit audio ou podcast, particulièrement adapté si vous aimez raconter à l’oral et si vous avez enregistré des ambiances sonores pendant votre voyage.

Ce que l’écriture va vous apporter

En écrivant votre récit, vous allez : – Revivre votre voyage, mais cette fois avec du recul – Vous rappeler des détails que vous aviez
oubliés – Comprendre ce qui vous a vraiment plu ou déplu – Réaliser que vous avez plus de ressources que vous ne le croyez – Créer un livre unique que vos enfants ou petits-enfants liront avec plaisir C’est ce que m’a dit Pierre après avoir écrit son récit sur le chemin de Compostelle : « En écrivant, j’ai compris que j’étais capable de marcher 800 kilomètres. Ça m’a donné confiance pour d’autres projets. »

Si vous manquez d’inspiration

Vous regardez votre écran vide et vous ne savez pas par où commencer.

Voici plusieurs options :

– Choisissez une photo (qui vous parle) et racontez ce qui s’est passé ce jour-là

– Décrivez le premier matin de votre voyage, réveil compris

– Feuilletez vos notes et arrêtez-vous sur un détail qui vous fait sourire

Bon voyage !

Patrick du Boisbaudry

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