Né aux Comores en 1970 et vivant entre la France et son pays d’origine, Chébli Msaïdie est musicien et producteur, chantre de la world music qu’il a contribué à faire émerger en France. Dans ce récit autobiographique, il revient sur son parcours qu’il offre comme une invitation au voyage et un chant d’amour à son fils, Kemin.
Vous êtes musicien et producteur, pourquoi avoir décidé d’écrire un livre ?
C’est un rêve d’enfance, j’étais en troisième et je me souviens avoir commencé à écrire quelques lignes. J’avais envie de raconter une histoire. À l’époque, comme beaucoup de jeunes de mon âge, j’avais lu « l’enfant noir » de Camara Laye et je m’étais dit qu’un jour je ferais comme lui, je raconterai mon histoire.
C’est un projet que vous aviez depuis longtemps ? Quel a été le déclic ?
Le projet d’écrire ce livre remonte à 2013 alors que je venais de donner un spectacle à Marseille. Sur scène je racontais un voyage, le voyage d’une musique qui partait de l’Égypte pour les Comores au cours d’un long périple. À la fin du spectacle, un de mes musiciens et venu me voir pour me dire sa joie d’avoir entendu cette histoire et m’a encouragé à l’écrire.
« Sur le chemin du Taraab ». Pourquoi ce titre ?
C’est le nom de mon spectacle, mon éditeur a jugé que le titre résumait bien l’histoire du livre.
Ce livre a aussi été écrit en l’honneur de Kemin, votre fils ?
Oui, c’est un hommage à Kemin qui malheureusement nous a quittés il y a quelques jours, seulement trois mois après la sortie du livre. Avec lui, par l’écriture j’entreprends un long voyage de l’Égypte aux Comores, sur le chemin du Taraab. Bien sûr de façon fictive, car mon fils très malade ne pouvait pas se déplacer.
Quels messages avez-vous voulu délivrer à travers ce livre ?
J’ai voulu témoigner de cette forme de courage dont nous pouvons faire preuve dans l’adversité. Le courage des enfants, mais aussi des personnes handicapées comme l’était mon fils.
S’il n’y avait pas eu la maladie de votre fils, auriez-vous écrit le même livre ?
Non, je n’aurais certainement pas écrit le même livre.
En combien de temps l’avez-vous écrit ?
J’ai mis quatre ans pour réaliser ce projet, trois ans pour l’écrire et une année de corrections avec mon éditeur.
Avez-vous eu des moments de doutes, de découragement ?
Non, car Kemin m’a donné la force de l’écrire.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous ?
La promotion du livre, je pensais que ça allait être plus facile. Producteur et musicien, j’ai eu la chance de sortir quelques albums. Je pensais donc que j’avais les bases pour faire connaître mon ouvrage, mais j’ai compris qu’on ne faisait pas la promotion d’un livre comme celle d’un album.
Quelle fut votre réaction lorsque vous avez tenu votre livre entre les mains pour la première fois et que vous avez vu le nom de l’auteur, autrement dit votre nom ?
J’étais très fier et très heureux, même si je connaissais déjà ce genre d’émotion pour avoir sorti plusieurs albums de musique. D’autre part, je ne pensais pas trouver un éditeur aussi vite et lorsque j’ai découvert la couverture de mon livre, je l’ai trouvée très belle.
Est-ce que le fait d’avoir écrit un livre a changé des choses dans votre vie ou du moins dans votre façon de voir les choses ?
C’est surtout le regard de mes collègues sur moi qui a changé. Pour eux ce fut une surprise, ils ne s’attendaient pas à me retrouver au rayon des livres alors que j’étais habituellement au rayon des disques.
À combien d’éditeurs avez-vous envoyé votre manuscrit ?
J’ai envoyé mon livre à deux éditeurs et les deux m’ont dit oui.
Quels conseils donneriez-vous à un auteur qui souhaite publier ?
Il faut beaucoup y croire ! Surtout, ne pas se décourager. Beaucoup d’écrivains de talent ont du mal à trouver un éditeur ou à être lu. Il faut d’autant plus s’accrocher lorsqu’on est un auteur débutant comme ce fut mon cas. Et il ne faut jamais renoncer, car personne ne peut se battre à votre place.
Parallèlement à votre maison d’édition, faites-vous aussi de votre côté la promotion de votre livre ? Si oui, comment ? Salons du livre, interviews dans la presse, réseaux sociaux, blogs, etc.
J’ai organisé une promotion parallèle en utilisant mon propre réseau et bien sûr je me suis beaucoup déplacé, dans des lieux publics, des librairies mais aussi à l’étranger .
Que retirez-vous de cette expérience en tant qu’auteur ?
L’histoire d’une vie, d’un parcours, demande un long travail de documentation, car nos propres souvenirs ne sont pas toujours suffisants pour donner de l’épaisseur à un récit. Je creusais toujours le sujet avec l’impression de ne jamais pouvoir arriver au bout.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui comme vous souhaiterait raconter son histoire dans un livre ?
Je lui dirais d’aller jusqu’au bout de son projet, car au-delà de la satisfaction d’être devenu un auteur, l’écriture est aussi une excellente thérapie.
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