Je ne suis ni thérapeute, ni psychologue… mais biographe ! Pourtant, assez souvent, lorsqu’une personne me sollicite pour un récit de vie, elle m’explique que c’est pour une thérapie sans que je prononce moi-même ce mot. Sa démarche a souvent pour objectif de se libérer d’un poids grâce à l’écriture ou encore de mettre des mots sur une douleur ancienne. Les années passant, il y a comme une urgence à écrire, à coucher sur le papier des choses lourdes à porter. Certes le biographe n’est généralement pas un thérapeute mais il peut cependant avoir une action bénéfique tout en se cantonnant dans son rôle. À travers cet article, j’aimerais montrer ce qu’il peut apporter, mais aussi ce qu’il ne peut pas apporter dans le souci de ne pas bercer d’illusions celui ou celle qui fait appel à lui. Bien entendu, cette approche n’engage que moi et ne vaut qu’à la lumière de ma propre expérience.
Quels sont les bienfaits
de l’écriture ?
D’une façon générale, avec ou sans l’aide d’un biographe, l’écriture a de nombreuses vertus :
– un sentiment de libération, d’allègement
– une façon de mieux se connaitre et donc de mieux se comprendre
– une mise à distance qui permet de prendre du recul sur sa propre vie
– un nouveau regard sur son parcours
– une prise de conscience de certains évènements ou sentiments qui reviennent à la surface en écrivant alors qu’on pensait avoir tourné définitivement la page
– un nouvel éclairage sur sa vie
– une meilleure vision du présent et de l’avenir à partir de son passé
– etc.
Dans quelles circonstances faire appel à un biographe ?
Même si nous n’avons jamais franchi le pas, il est fort probable qu’une grande partie d’entre nous ait envisagé un jour de mettre par écrit ce qui lui tenait à cœur. Si j’en crois certaines statistiques, les femmes seraient d’ailleurs plus nombreuses à avoir réalisé ce souhait, notamment sous la forme d’un journal intime. C’est souvent une façon d’y voir plus clair dans sa propre vie. « Mettre sur le papier des choses lourdes à porter », « écrire pour me sentir plus léger », sont des expressions qui reviennent souvent. L’écriture permettrait ainsi de se libérer de souvenirs douloureux qui encombrent la mémoire.
Certaines personnes ont choisi de confier leur récit à un biographe. Elles veulent écrire soit pour elle-même ou leurs proches, soit avec l’intention de publier sous la forme d’un témoignage. Mais pourquoi choisir de faire appel à un biographe ? Les raisons peuvent être multiples : ne pas se sentir très à l’aise avec l’écriture, manquer de recul par rapport à sa propre vie, éprouver des difficultés pour rassembler ses souvenirs et organiser son récit, ne pas savoir comment s’y prendre pour écrire un livre et le publier, etc. Parfois aussi, il est plus facile de confier son récit à une personne neutre dont on est sûr qu’elle ne portera pas de jugement.
Ce que je peux apporter en tant que biographe
Le biographe agit comme un révélateur. Il met à nu des sentiments, des émotions…
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Une écoute bienveillante
Je ne juge pas. Je ne porte pas d’appréciation. Je ne prends pas parti. Ce n’est pas seulement important pour mettre à l’aise mon interlocuteur, mais aussi pour rapporter les faits qui me sont confiés le plus objectivement possible.
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Une écoute attentive
Lors de l’entretien, je prête une oreille attentive mais je ne me contente pas d’écouter parler mon interlocuteur. Je ne le laisse pas parler dans le vide, j’interviens tout en laissant sa spontanéité s’exprimer. Je me mets à la place du lecteur en essayant de poser les bonnes questions, celles qui contribueront à clarifier et enrichir le récit. Si certains détails me paraissent importants pour la compréhension, je demande des précisions à mon interlocuteur. Bien entendu, il me répond uniquement s’il le souhaite.
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Une traduction fidèle du récit qui m’est confié
Une fois l’entretien enregistré, je le réécoute pour le mettre sur le papier. Je ne me contente pas de reproduire par écrit notre conversation, mais je fais un vrai travail d’écriture qui n’a rien à voir avec le langage parlé.
Dans la mesure du possible j’utilise les expressions et les mots de mon interlocuteur afin qu’il se reconnaisse entièrement lorsqu’il prendra connaissance de son récit. Derrière les mots, il doit retrouver les sentiments et les émotions qu’il aura souhaité me communiquer lors de notre entretien. En quelque sorte, je suis son interprète en reproduisant sur le papier le plus fidèlement possible tout ce qui m’a été confié à travers le langage parlé.
Ce que je ne peux pas apporter
Tout ce qui relève du thérapeute, car je n’en ai pas la formation :
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Je ne diagnostique pas,
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Je ne soigne pas,
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Je ne conseille pas
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Je ne suggère pas…
Une démarche en deux étapes
1) l’entretien avec le biographe
La qualité du récit dépendra de la qualité des entretiens. En tant qu’interviewer, j’en ai l’entière responsabilité. Je dois installer un climat de confiance afin que mon interlocuteur puisse s’exprimer avec une grande liberté mais aussi une grande spontanéité, sans la moindre autocensure. Je dois donc faire en sorte de lever les barrières qui gêneraient la fluidité d’un entretien. Par exemple :
- La personne qui confie son récit doit pouvoir commencer son récit là où elle le souhaite, sans se soucier de l’ordre chronologique. Ainsi, rien ne lui interdit de commencer par la fin si cette partie du récit lui tient davantage à cœur. (l’ordre chronologique pourra toujours être rétabli par la suite)
- Afin de se libérer l’esprit, elle ne doit pas se préoccuper de l’intérêt de son récit pour d’éventuels lecteurs.
- La crainte de blesser telle ou telle personne ne doit pas être un obstacle à une narration libre et spontanée. (Si la personne qui confie son récit le juge nécessaire, son récit pourra être modifié lors de la seconde étape : la relecture)
- Elle ne doit pas non plus se soucier de la façon dont son récit sera perçu.(Encore une fois, il sera toujours possible d’apporter des corrections lors de la relecture.) …
2) la découverte du texte rédigé par le biographe
Les réactions sont très variées, il n’y a bien entendu pas de règles. A la relecture, chacun réagit à sa façon en fonction de sa personnalité. Certaines personnes ont parfois le sentiment de lire le récit de quelqu’un d’autre ou même un roman. Mais l’effet de surprise passé, elles se reconnaissent généralement. J’ai seulement noté les réactions les plus fréquentes à partir de ma propre expérience.
Le mieux est de reproduire certaines réflexions qui m’ont été faites après la lecture, sachant que le dénominateur commun à tous les lecteurs ou lectrices est une grande émotion. « L’émotion a été si forte à la première lecture que j’ai dû marquer une pause ! » « Cela m’a fait bizarre de lire ma propre vie, je ne me suis pas reconnu tout de suite, est-ce vraiment moi ? » « En écrivant mon livre, j’ai pris conscience de mon parcours et cela m’a permis de mieux appréhender l’avenir » « C’est étonnant, je n’arrête pas d’utiliser cette expression » « Tiens, pourquoi j’ai donné tant d’importance à cet évènement, j’étais persuadée d’avoir tourné la page pour de bon ! » « J’ai trouvé que j’étais dur avec moi, injuste même ! » « Cela m’aide beaucoup à y voir plus clair, même si l’exercice est difficile » « C’est très dur mais j’en avais besoin, l’important pour moi maintenant c’est de me reconstruire », « Vous êtes certain que je vous ai dit cela, je pensais que je n’en avais pas parlé ? » « Cela devenait urgent, maintenant je me sens tellement plus légère ! » « Je n’avais jamais réalisé que j’avais fait tant de choses dans ma vie » …
Le plus souvent, d’autres souvenirs émergent à la relecture.
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A bientôt sur ce blog
Si vous le souhaitez, vous pouvez me rendre visite sur mon site le marronnier rouge
Ce qui me frappe le plus, dans cet article, ce sont les observations des personnes qui « sont passées par là », à la lecture de leur livre. Cela me semble une démarche très courageuse, car on sent malgré tout encore beaucoup de souffrance à l’issue de la réalisation de l’ouvrage. A côté de cela, c’est aussi une formidable leçon d’espoir qui s’ouvre sur un poids qui s’envole. Mais s’envole-t-il vraiment ? Je serais plus tentée de penser que c’était une plaie béante, que l’écriture permet d’apprivoiser ses souffrances. En quelque sorte, on oublie jamais rien, l’écriture nous aide à vivre avec.
Qu’en penses ceux qui sont passés par là ?
Bonjour Agathe,
Oui, les mauvais souvenirs s’envolent-ils vraiment ? Reste-t-il toujours une plaie béante comme vous semblez le penser?
C’est effectivement une question importante et moi aussi j’aimerais savoir ce qu’en pensent ceux qui se sont déjà livrés à cet exercice du récit de vie.
Pour ma part je serai tenté d’être un peu plus optimiste, même si je sais qu’on n’oublie jamais tout totalement.
Et de toute manière, comme vous le dîtes, il aura fallu beaucoup de courage et de souffrance pour en arriver là.
Merci pour votre fidèle participation au blog.
A très bientôt,
Patrick
Bonjour, oui moi, je suis passée par la. Bien sur,on n’oublie rien mais on apprend à vivre avec, nos souffrances sont allégées.C’est en quelque sorte une thérapie.Merci à Patrick du Boibaudry de m’avoir accompagnée pour la réalisation et la publication de ce livre. Il est en vente sur Amazon sous le format numérique et le sera bientôt dans le format « papier ».
Sarah
Titre de mon livre A FORCE D’AMOUR
Bonjour Sarah,
C’est avec plaisir que je vous ai accompagnée. J’ai apprécié votre grande détermination qui a été récompensée par la sortie d’un livre très touchant. J’aurai bientôt l’occasion de vous interviewer car vous avez accepté de décrire votre parcours d’auteur pour les lecteurs du blog.
Merci encore et à très bientôt,
Patrick
j’ai lu votre article,et je suis d’accord avec vous, car l’ecriture de ma vie, ma permis de faire le deuil de mon pére.Il est partit et rien ne reste de lui, mon ouvrage est comme une fenetre ouverte sur le passer pour que c’est petit et arieres petit enfants le connaisse par mon recit!
Bonjour Jean-Pierre,
Merci beaucoup pour votre témoignage très positif et le partage de votre expérience concernant l’écriture d’un récit de vie qui vous a permis de faire le deuil de votre père.
A très bientôt sur ce blog !
Patrick
J’ai décidé de l’écrire moi même cette écriture thérapie, ou plutôt, c’est ce roman que je viens de finir qui m’a poussé à coucher sur le papier un passé que j’aurais voulu oublié… Je trouve la démarche de faire appel à vos talents d’écrivain beaucoup plus courageuse que la mienne ! Je crois que quand on se décide à l’écrire ce n’est plus une plaie béante, mais je ne suis pas sure… faudra voir à l’usage, ou à l’usure…
En même temps, oublié ce qui nous a construit, bon ou mauvais, ça ne me semble plus, depuis quelques années déjà, la meilleure des idées.
Il n’y a pas que les gens qui se confient à vous qui sont courageux, certains récits, doivent être difficile à entendre, et à retranscrire, bravo !
Mais par contre, effectivement, le fait de l’écrire seul, peut poser problème pour la compréhension du lecteur, en cela votre travail est plus qu’important, et quelque part, c’est là la forme de la thérapie.
Bonjour Magali,
Je pense que toute démarche d’écriture est courageuse. Écrire un récit de vie sous la forme d’un roman est une très belle idée. J’espère que les retombées seront très positives pour vous.
Il est vrai que certains récits sont difficiles à entendre lorsqu’on est biographe, mais c’est un contact humain unique qui nous enrichit. Et bénéficier de la confiance d’une personne dans ce qu’elle a de plus intime, c’est un grand privilège.
A bientôt Magali pour partager avec vous sur ce blog de nouvelles expériences.
Merci pour votre participation,
Patrick
Oups, je me suis mal exprimée… J’ai écrit un roman policier (pour être plus clair) enfin j’ai essayé, et je crois que cet écrit à fait « remonter » des souvenirs, que j’ai décidé de coucher sur le papier pour avoir, je l’espère « la paix », mais faut peut-être pas rêvé…
Je pense que cet écrit va plus ressembler à une biographie, qu’à un roman… libre à moi, une fois que j’aurais tout vider, et afin de ne pas heurter les sensibilités de le réécrire en roman pour une possible ou non édition….
Je suis persuadée, que votre travail de biographe est très enrichissant, et même plus encore, il n’y a rie de plus passionnant que l’humain, enfin je trouve… mais tout de même, il faut avoir, je le crois, une sacré dose de recul, pour entendre et retranscrire des vies difficiles, compliquées, dures… Et je trouve votre travail bien nécessaire pour ces personnes, car se confier, c’est déjà un pas vers la guérison, enfin j’aime à le croire, seuls ces personnes peuvent le confirmer ou l’infirmer.
Mais merci, pour eux !
A bientôt.
l’aventure me tente vraiment ! mais j’ai la crainte de me relire …
merci merci merci
Bonjour,
A la relecture, il est normal d’avoir une certaine appréhension. En relisant, on revit des moments de son existence douloureux. Mais le fait de les écrire peut aussi donner un certain recul, une distance nécessaire qui permet de porter sur son passé un regard plus apaisé. Vous pouvez aussi relire votre récit à voix haute, c’est une autre perception de vos écrits, un autre angle de vue souvent très enrichissant.
A bientôt et merci pour votre participation.
Patrick
Je n’ai qu’une envie……..
Me lancer de suite !!!!!
Bon ok, je vais eviter de vous contacter de suite, il est quasi 1h du matin et vais donc prendre sur moi, et attendre le lever du jour.
voir si le courage d’OSER est encore là, présent demain, rien n’est moins sur…. La nuit est propice à l’ecriture me concernant… la journée, je redeviens la personne refermée sur moi qui n’ose pas grand chose….
Une sacrée question qui pourrait m’aider tout de meme:
est-ce possible de vous rencontrer pour premièrement, et simplement avoir des renseignements, et savoir comment tout ceci (= mon besoin d’ecrire pour me liberer, mais aussi pour faire passer un message de volonté et d’amour) pourrait se passer si j’osais faire ce premier pas ?????
ce site est une mine d’or, j’ai commencé à écrire un livre sur une partie de ma vie.
Je vis une relation avec une personne que l’on peut qualifier de manipulatrice.
L’écriture est une thérapie, elle me permet de faire le deuil de cette relation.
L’objectif étant aussi d’éviter que cette histoire ne se transforme en secret de famille. il me reste à savoir si je choisirai l’auto édition . Mon entourage, apprécie en tout cas le style d’écriture et l’histoire
Merci pour tous ces conseils !!
Bonjour Alain,
merci pour vos appréciations et pour votre témoignage.
Je vous souhaite plein de succès dans l’écriture.
Patrick
Bonjour Patrick,
Depuis la découverte de votre site, mi janvier 2014, l’idée d’écrire une biographie m’est revenue a l’esprit tel un boomerang retrouvant son point de retour. Donc, je m’y colle a l’écriture. Je laisse les idées guider les doigts sur le clavier. J’ai le titre, les 10 chapitres et plus de 500 lignes. Tout ceci nécessitera une correction générale. A ce sujet, fournissez-vous un contrat de confidentialité avant envoi de dossier ? Si oui, merci de faire suivre un exemplaire. Sinon, que proposez-vous ?
La découverte de votre site, la lecture du guide sont de réels moteurs de motivation a vivre cette belle aventure que d’écrire. Merci a vous Patrick.
Bien a vous,
BG
Il est vrai que l’écriture peut être considérée comme une thérapie, cela permet de ressentir une sensation d’apaisement. Je me suis aussi d’ailleurs penché sur la question et vous trouverez mon avis sur la question ici: http://christophelucius.fr/post/95378172471/lecriture-est-elle-une-therapie
Bonjour Christophe,
merci pour votre contribution, elle contribuera à enrichir ce blog.
Patrick
Bonjour,
Moi j’ai fait une thérapie plusieurs années. J’ai beaucoup écrit pendant cette période de ma vie.
De plus j’ai plus j’ai une dizaine de journals intimes de ma vie à partir de 1983.
Au travers cette démarche qie la vie m’a imposé, je me suis découvert des traumas qui expliquent clairement qui je suis aujourd’hui. Ce fut libérateur de comprendre ces liens entre mon passé et mes réactions présentent qui se réactives sans crier gare et spontanément .
Je me suis aussi découvert plusieurs dons sur le plan spirituel pendant ces 8 dernières années.
J’ai tellement envie d’écrire ce que j’ai vécu pour aider les autres, mais j’ai tant d’écrit que je n’arrive pas à organiser ceci pour que se soit clair.
Tellement que j’ai imprimé mon « manuscrit » et que j’ai tout laissé en plan pendant plus de 2 ans.
Maintenant j’ai peur de replonger dans tout ça et de révéiller à nouveau mes démons intérieurs.
Que me suggérez-vous de faire selon votre expérience?
Comment organiser tout ceci?Et j’ai l’impression que j’aurais des thèmes pour plusse qu’un bouquin si je me décide d’aller de l’avant!
Bonjour Caroline
Lorsqu’on laisse son manuscrit dormir, il est toujours difficile de s’y replonger. Et c’est d’autant plus difficile lorsque le récit mène à un retour dans un passé douloureux.
Apparemment, vous ne parlez pas de plan. En avez-vous fait un ? Si ce n’est pas le cas, c’est à mon avis la priorité, car il vous permettra de trier et sélectionner tous vos écrits en suivant un fil directeur cohérent. Dans un premier temps, je vous conseille le plan chronologique, c’est le plus simple à établir et le plus efficace concernant les récits de vie.
Patrick