Pourquoi un récit de vie va-t-il nous accrocher alors qu’un autre nous tombera des mains ?
Est-il nécessaire d’avoir eu une vie trépidante, d’avoir parcouru le monde, rejeté des pirates à la mer, affronté des crocodiles, tenu tête à Spiderman ou terrassé des montres pour espérer intéresser nos futurs lecteurs ?
Autrement dit, pour écrire notre histoire, devons-nous avoir obligatoirement l’étoffe d’un héros ?
Non, bien sûr, mais tout le monde n’en est pas convaincu. Je me souviens d’un homme qui m’avait dit : vous croyez vraiment que je peux raconter mon histoire si je n’ai jamais quitté mon village? Je lui avais répondu que les kilomètres qu’il n’avait pas parcouru sur les routes, il avait pu les parcourir dans sa tête ou mieux dans son cœur et c’est ce qui comptait.
Puis, comme je lui demandais s’il avait des choses à dire, il me regarda d’abord d’un air étonné avant de répondre par l’affirmative. Je lui recommandais alors de ne pas chercher plus loin et de se mettre immédiatement au travail. Il avait des choses à dire …. n’était-ce pas l’essentiel pour écrire un bon livre!
Ecrire sa biographie, ce n’est pas rédiger un catalogue !
Une autre personne qui s’adressait à moi pour écrire sa biographie, craignait d’oublier certains faits en racontant son histoire. Je m’empressai aussitôt de la rassurer. Certes, écrire un récit de vie, c’est relater des faits, mais il ne s’agit pas de faire un catalogue, d’avoir une table des matières qui s’étale sur des pages et des pages. Ce n’est pas à la longueur du texte qu’on juge un ouvrage mais à ce qui émane entre les lignes.
Plutôt que de vouloir noircir des pages et des pages, mieux vaut privilégier les moments, aussi rares soient-ils, qui ont donné du sens à notre vie. Car, en tant qu’auteur, c’est à travers ces temps forts que nous livrons notre personnalité, parfois même sans en avoir conscience.
Ce qui importe ce ne sont pas tant les actions que nous avons entreprises, que les sentiments ou les émotions qui nous ont habités à telle ou telle période de notre vie. C’est à ce prix que notre livre aura une « âme » !
Trois qualités indispensables …
Spontanéité
Ce qui bloque souvent un auteur lorsqu’il décide d’écrire, c’est l’envie de trop bien faire du premier coup. Ce sont toutes les questions qu’il est amené à se poser. Par où commencer ? Que vont penser mes futurs lecteurs ? Dois-je écrire à la première personne ? Etc.
Se poser trop de questions dès le départ, c’est comme vouloir faire avancer une voiture en oubliant de desserrer le frein à main. Je ne dis pas que ces questions ne sont pas importantes, elles le sont, mais vous aurez tout le temps de vous les poser par la suite et de rectifier le tir si besoin.
Les poser trop tôt risque de vous couper dans votre élan, de vous bloquer dans l’écriture.
Et puis n’oubliez pas que les premiers mots qui viennent sous notre plume sont souvent les « bons », ceux qui correspondent avec le plus d’exactitude à ce que nous voulons faire passer. D’où l’importance de ce qu’on appelle communément « le premier jet ».
Mon conseil : suivez d’abord votre intuition, la raison aura bien le temps de faire son travail par la suite.
Sincérité
A travers votre récit, ne cherchez pas à faire le portrait de celui que vous aimeriez être, mais à vous décrire tel que vous êtes. Ce sera déjà, j’en suis sûr, un beau portrait et votre sincérité ne pourra que toucher vos lecteurs.
Ne vous souciez pas trop de l’image que vous allez donner à ceux qui vous liront, même si je sais que c’est un exercice difficile. En écrivant un livre sur votre vie, vous ne cherchez pas à vendre un produit en argumentant comme le ferait un dépliant publicitaire. Vous recherchez, du moins je le suppose, une relation vraie avec vos futurs lecteurs.
Simplicité
J’ai envie de dire : écrivez comme vous êtes ! Fuyez les effets de style s’ils ne correspondent pas à votre personnalité. Ne tournez pas éternellement vos phrases dans tous les sens.
A force de retravailler votre texte, vous risqueriez d’arriver à une certaine platitude dans votre récit, de gommer ce qui fait sa personnalité, à l’inverse du but recherché. Préférez un style un peu maladroit mais spontané à un texte trop travaillé dont le vernis trop épais dissimulerait l’essentiel. Le lecteur vous en sera reconnaissant.
A très bientôt,
Patrick du Boisbaudry
Félicitations pour toutes ces précisions bien utiles ! Mais, si on veut ajouter une dimension plus historique – tout aussi pertinente si l’on n’est pas un héros-, il importe de pouvoir replacer dans un contexte précis, sans anachronismes. Disposez-vous d’une méthode pour ce faire ? Peut-être devrais-je poser cette question à un historien, dont l’approche est différente ? Qu’en pensez-vous ? Eric
Bonjour Éric,
merci pour votre participation à ce blog.
Malheureusement, je n’ai pas de méthode précise qui pourrait répondre à votre demande. Mais peut-être n’ai-je pas très bien compris votre question.
A bientôt peut-être pour de nouveaux commentaires !
Patrick
Merci chèr Patrick
Merci pour ces conseils,ils recouvrent beaucoup d’infos benefiques,precis et clairs!
Bonjour,
et merci pour vos compliments que j’accepte avec plaisir. Si vous avez un projet d’écriture, je vous souhaite un plein succès.
Patrick
Bonjour,
J’ai pour projet d’ecrire un livre sur ma vie. J’ai récemment vécu une expérience unique et traumatisante, mais je m’en sors tout doucement. J’ai que 27 ans. Est ce trop tôt pour rédiger une sorte de biographie ?
Merci de prendre le temps de me lire et aussi de me répondre.
Bonjour Hélène,
heureusement, il n’y a pas d’âge pour écrire.
Si vous en sentez le désir, lancez-vous !
Françoise Sagan a écrit Bonjour Tristesse, son premier roman, à 18 ans !
Bonne écriture,
Patrick
Bonjour à vous,
J’ai 21 ans, je commence à écrire une biographie de mon début de vie.
Serait il mieux au présent ou au passé ?
Merci
Bonjour Courtney,
écrire au présent ou au passé, c’est une question très intéressante. J’ai envie de vous répondre : écrivez comme vous le ressentez, si vous êtes plus à l’aise avec le présent, écrivez au présent. Si vous êtes plus à l’aise avec le passé, écrivez avec le passé. Pour ma part, lorsque j’écris un récit avec une succession d’événements, des faits qui se produisent, je préfère employer le présent. L’émotion qui se dégage est beaucoup plus forte et le récit plus vivant; le lecteur a le sentiment que l’action est en train de se dérouler sous ses yeux. J’utilise le passé lorsqu’il s’agit de réflexions, de considérations sur la vie, etc, disons quand le discours est relativement abstrait. Cependant, si on veut soigner particulièrement le style, il me semble évident que le passé se prêtera mieux à cet exercice que le présent, plus expéditif. Il m’arrive aussi, au risque de choquer certains puristes, d’utiliser le présent dans un chapitre et le passé dans le chapitre suivant.Voilà ma manière de procéder. J’espère avoir répondu à votre question. Je compte d’ailleurs écrire un prochain article sur ce sujet.
Patrick
Bonjour Patrick,
Quel site intéressant ! Je suis tombée dessus par hasard en faisant des recherches sur internet et j’y ai trouvé des tas de conseils qui me seront utiles. Même si mes motivations ne sont pas exactement les mêmes. En effet, je suis (à mes heures perdues) romancière et non biographe. Quoique ! Il se trouve qu’un ami d’enfance m’a demandé de raconter sa vie, non pas sous forme d’une stricte biographie mais dans un roman ! Il s’agira donc d’un récit basé sur sa vie, reprenant bien évidemment des faits réels.
Mon ami est un personnage connu de certains, au parcours atypique : grand champion sportif, détenteur de plusieurs records mondiaux en sport extrême, cascadeur au cinéma (notamment dans des films de Luc Besson), avec encore bien d’autres cordes à son arc (coach sportif, conférencier, …).
C’est pour raconter ses multiples vies comme il le dit lui même qu’il souhaite ce roman, qui plus est, « à la Pagnol' » !! Possédant moi-même la collection complète des œuvres de cet auteur, j’ai tout lu pour tâcher de comprendre ce qu’il voulait dire par là !
J’ai déjà commencé les entretiens avec lui-même et son entourage. Compte tenu de ses multiples facettes, je pense construire le récit par thème et non pas chronologiquement. Je verrai bien comment tout cela se met en place lorsque je débuterai l’écriture. Et surtout, comme vous le faites bien remarquer dans votre article ci-dessus, je ne vais pas me contenter de faire un « catalogue » de ses exploits, mais mon intention est de révéler au public (que j’espère le plus large possible !) l’homme qui se cache derrière tous ces exploits car bien des gens ne le connaissent que pour ça et ignorent ce qu’il fait d’autre, comme notamment faire découvrir un pays d’Amérique Latine à travers une agence de voyages qu’il a créée là-bas, ou aider la population pauvre de ce pays grâce à sa fondation (je vous avais bien dit qu’il avait une vie atypique !). Pour tous ceux qui parfois se demandent l’utilité de ses records sportifs un peu fous, il faut bien le dire, je veux leur montrer à travers ce livre que tout ça a un sens pour lui et leur faire changer l’appréciation tronquée qu’ils ont du bonhomme.
Maintenant, je ne sais pas si vous pouvez répondre aux quelques questions que j’ai encore concernant ce projet commun :
– en évitant toute injure ou diffamation (j’ai bien lu l’article de l’avocate spécialisée en droit d’auteur), pensez-vous que je suis autorisée à citer les noms des personnalités qu’il a côtoyées et/ou qu’il voit encore dans le monde sportif, cinématographique, politique, etc ?
– de même, pour ce qui est de son entourage, on m’a conseillé de changer les noms (amis, connaissances, partenaires, sponsors…pourrai-je citer des marques ?) ; qu’en pensez-vous ? En est-il de même pour les membres de sa famille ?
– on se demandait aussi si l’on pouvait conserver les noms des lieux, tout du moins de la ville où il habite et où il a grandi.
– je ne suis pas rémunérée pour l’écriture du livre; j’en resterai l’auteur. Pour l’instant, je ne sais pas encore si nous parviendrons à intéresser un éditeur ; sinon, je continuerai avec l’autoédition. On m’a également conseillé de rédiger une sorte de contrat pour légaliser notre accord (son autorisation à écrire sur sa vie privée, la partage des gains des ventes du livre, etc).
Voilà, mon message est un peu long, mais je tenais à tout expliquer pour que vous compreniez bien la situation, qui sort du cadre de votre propre travail je pense. Mais puisqu’il s’agit tout de même de récit biographie , j’ai supposé que vous auriez quelques réponses ou conseils à m’apporter.
Je vous en remercie par avance.
Cordialement.
Valérie
Bonjour Valérie,
quel beau projet, je pense qu’il va vous occuper un certain temps.
On me pose beaucoup de questions concernant le droit, encore une fois je ne suis pas un spécialiste, c’est d’ailleurs pour cela que j’ai interviewé une avocate.
Comme vous le dîtes très justement, s’il n’y a pas d’injures, de diffamation ou d’atteinte à la vie privée, vous ne risquez rien. Cependant, dans la mesure du possible, je recommande préalablement d’obtenir par écrit l’accord des personnes citées. Quant à citer des marques, cela ne peut leur faire que de la publicité à moins que … vous ne les descendiez en flèche.
Voilà ma réponse qui, encore une fois, n’est pas celle d’un juriste et donc, à prendre avec précaution. Je vous souhaite une grand succès dans votre entreprise.
Patrick
Merci Patrick pour vos encouragements !Et pour les quelques conseils.
Valérie
Bonjour
J’ai toujours beaucoup aimé lire et écrire de petits textes. Je voudrais raconter mon parcours, ma vie, ma famille mais faut’il le faire en sachant que je vais faire du mal à ceux que j’aime.
Dominique
Bonjour Dominique
Vous posez une question importante. En effet, écrire sa vie, raconter son parcours peuvent parfois blesser certaines personnes de notre entourage. Dans ce cas quelle attitude adopter ? On peut d’abord vouloir écrire pour soi, uniquement pour soi, une sorte de journal intime. Cela peut constituer une excellente thérapie en nous permettant d’exprimer des choses douloureuses qui pèsent lourdement sur notre cœur. Mais si vous souhaitez publier votre récit ou du moins le faire lire à votre entourage, il vous faudra être prudent dans le choix des mots et la façon de dire les choses afin de ne pas blesser inutilement, gratuitement, ce qui n’est pas votre intention comme je l’ai bien compris dans vote question. Alors ce livre pourra vous permettre de mieux vous faire comprendre de votre entourage et, qui sait, d’engager un dialogue avec vos proches, de leur dire des choses à travers ce livre que vous n’avez jamais osé leur dire. C’est tout le bien que je vous souhaite.
Patrick
Bonjour Patrick
Vous avez une humble façon de parler. Je souhaite écrire un livre depuis longtemps et je ne sais par quel bout le commencer. Merci pour les conseils à ce propos.
Alors, combien de temps par exemple par jour, faut-il consacrer à l’écriture d’un livre lorsqu’on travaille?
Merci
Bonjour Emmanuel
Vous n’avez pas l’obligation d’écrire chaque jour. Ce qui compte avant tout c’est d’écrire régulièrement.
Si vous travaillez et êtes peu disponible, une fois par semaine me semble très bien.
Patrick