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De plus en plus de livres, de moins en moins de lecteurs

Il paraît aujourd’hui deux fois plus de livres qu’il y a 25 ans (Syndicat National de l’Édition) … Ces chiffres devraient nous réjouir. Cela voudrait donc dire deux fois plus de lecteurs ? Eh bien non, c’est tout le contraire. Il y a plus de livres, plus d’auteurs, mais moins de lecteurs. Le calcul est simple et les chiffres sont cruels :  le nombre de titres publiés a augmenté de 114%, alors que le nombre de livres vendus n’augmentait que de 40%. De nombreux livres, tous éditeurs confondus, se vendraient à moins de 400 exemplaires.

Pourquoi les auteurs sont-ils de plus en plus nombreux ?

Le ministère de la Culture recense aujourd’hui 9 500 « auteurs de littérature » qui doivent se partager un gâteau de plus en plus petit. De plus en plus de titres, mais aussi de plus en plus d’auteurs. Comment expliquer cette tendance ? Une nouvelle génération de talents parmi les auteurs aurait-elle subitement vu le jour ? Ou les éditeurs seraient-ils devenus moins exigeants ? Je pense qu’on peut attribuer cette éclosion d’auteurs en partie aux nombreuses petites maisons d’édition qui ont fleuri ces dernières années (On dénombre plus de 8 000 structures éditoriales, dont 4 000 pour lesquelles l’édition constitue l’activité principale) mais aussi et surtout à la facilité qu’ont désormais les auteurs de s’éditer eux-mêmes ne serait-ce qu’en faisant appel aux nouvelles structures et plateformes qui fleurissent depuis peu sur internet comme BoD, Edilivre, Lulu ou Amazon pour n’en citer que quelques-unes.

Les premiers romans en vogue

Il y a seulement quelques années, il était difficile pour un jeune auteur de publier son premier roman. La concurrence était rude, il fallait absolument qu’il se détache du lot pour émerger des milliers de manuscrits que recevaient chaque année les éditeurs les plus en vue. Il semble qu’aujourd’hui les maisons d’édition accordent une plus grande place aux premiers romans. Entre 1995 et 2008, le nombre de premiers romans publiés par an a été multiplié par 5, alors que la production romanesque en générale a seulement été multipliée par 1,5. Difficile de s’en plaindre, même si le fait d’être publié ne signifie pas automatiquement un succès pour l’auteur, mais le plus souvent une déception, car les ventes ne sont pas toujours au rendez-vous.

Des ouvrages à plus faible durée de vie

Certes il y a plus de livres, plus d’auteurs, mais en contrepartie, le livre a une durée de vie beaucoup moins longue qu’auparavant, hormis les best-sellers et les romans d’auteurs classiques qui traversent les siècles sans prendre une ride.  Pas facile pour l’éditeur de faire une promotion digne de ce nom auprès des médias et des lecteurs lorsqu’il publie un grand nombre d’ouvrages. Pour faire connaître un livre, il faut lui consacrer un budget conséquent et surtout beaucoup de temps. Et un livre dont on ne parle quasiment pas est voué au pilon, autrement dit à la destruction. Chaque année de nombreux romans français et étrangers sortent dans l’indifférence générale, faute de publicité.

Quant aux libraires, ils croulent bien souvent sous les nouveautés et leurs locaux ne sont pas extensibles. Bref, ils sont débordés. Pour ma part, lorsque je rentre dans une librairie, il m’arrive de plus en plus souvent d’enjamber des caisses remplies de livres et lorsque je me rends au rayon des nouveautés, je ne sais plus où donner de la tête. Mais attention, le séjour d’un livre, même en bonne position sur l’étagère d’une librairie, peut être très bref. Si l’ouvrage ne rencontre pas suffisamment vite ses lecteurs, le libraire le renverra chez l’éditeur sans état d’âme. Et si le lecteur n’a pas le livre sous la main au moment où il entre dans la librairie, à moins de l’avoir en tête ou noté ses références sur un bout de papier, il le commandera rarement.

Alors quelle frustration pour l’auteur quand il découvrira que son livre n’est déjà plus en librairie et qu’au moment du premier bilan, il ne s’est vendu que quelques dizaines d’exemplaires.

 Toujours les mêmes auteurs en haut du pavé

On aurait pu penser que la production d’un plus grand nombre d’ouvrages allait permettre de diversifier le marché du livre, répartissant mieux les chances entre les différents auteurs. Ce n’est malheureusement pas le cas. Lorsqu’on examine les chiffres, on s’aperçoit que ce sont toujours les mêmes qui raflent la mise ne laissant que quelques miettes à leurs confrères. Le marketing s’est également glissé dans le monde de la littérature pour faire de certains auteurs de véritables produits.

Malgré tout de belles raisons d’espérer !

Comment le futur auteur pourra-t-il tirer son épingle du jeu ?

Une bonne nouvelle tout d’abord, il y a de plus en plus d’auteurs. Si c’est votre souhait, vous aurez donc plus de chance de publier votre livre.

Une moins bonne nouvelle : votre livre se vendra probablement en peu d’exemplaires (à moins d’en faire un bestseller), car le nombre de lecteurs diminue.

Une autre bonne nouvelle : l’autoédition est en plein essor. C’est une nouvelle voie prometteuse pour publier son ouvrage. Dans le contexte d’un marché du livre difficile, je pense que cette nouvelle forme de publication qui fait de l’auteur un acteur à part entière a toute sa place. L’auteur en devenant son propre éditeur pourra consacrer toutes ses forces à son ouvrage pour le promouvoir, ce que ne peut pas faire l’éditeur traditionnel avec une production d’ouvrages de plus en plus nombreuse. Mais attention, l’autoédition exige une grande disponibilité et de l’énergie à revendre.

Pour conclure, devenir auteur aujourd’hui, c’est plus facile qu’auparavant, mais à condition de ne pas vouloir en vivre, du moins dans un premier temps. Écrire pour le plaisir ? Écrire pour s’exprimer ? Écrire pour se libérer ? Peu importe votre motivation … Écrire, n’est-ce pas déjà une forme d’accomplissement ? Et qui sait, votre talent et votre obstination vous porteront peut-être en haut du pavé …

Patrick du Boisbaudry

Sources utilisées pour la rédaction de cet article : http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/en-25-ans-deux-fois-plus-de-livres-publies-mais-de-moins-en-moins-lus-939018.html

http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20160316.OBS6585/les-auteurs-sont-ils-de-plus-en-plus-pauvres.html

http://culturebox.francetvinfo.fr/salon-du-livre-de-paris/livre-paris-les-auteurs-vivent-de-plus-en-plus-difficilement-de-leur-plume-236787

http://www.culturecommunication.gouv.fr/Politiques-ministerielles/Livre-et-Lecture/Economie-du-livre/Marche-du-livre

 

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